FEMMES TONDUES EN 44

Enfin, voilà passée cette soirée pleine d'appréhension. Et bien passée.

Enthousiasmée comme une marseillaise par la projection de ce documentaire, j'ai pris conscience que nous vivions dans un village, que les gens intéressés s'étaient, d'un côté ou d'un autre, trouvés confrontés à cet événement et que raviver cette mémoire pouvait être une épreuve rude; que nous ne voulions pas rouvrir des plaies, une guerre, et dire et surtout juger des faits et des personnes de manière non posée sans croiser ces mêmes personnes tous les jours.

Les heures qui précédaient la projection faisaient accroitre ce dilemne : comment parler des femmes tondues il y a 55 ans en présence des deux partis pris sans en perdre les cheveux ?

Comment encore faire coller cet épisode de l'histoire, à priori ancien, avec l'actualité, le présent puisque c'est un peu la politique de l'assoc ? 

Heureusement, le support, ce documentaire de Jean-Pierre Carlon, nous a permis de mettre en exergue le thème de l'égalité de l'homme et de la femme.

On s'en est emparé et on en a fait notre cheval de bataille tout au long des discussions qui ont suivi.

De ramener ce thème à nos jours pour constater que le combat est toujours à mener autant à l'étranger (Soudan : procès de la femme portant des pantalons) qu'en France...

En prévenant et rappelant tout au long de la soirée qu'il ne s'agissait pas de juger de ces actes mais juste d'un travail de réflexion et de mémoire.

En signifiant aussi que notre génération était privilégiée de n'avoir pas connu de telles circonstances (tant mieux !) mais que ces cinq années avaient dû faire naitre des émotions intenses et diverses dont il avait fallu se purger... Bref, en abondant une fois dans le sens des femmes tondues, une fois dans le sens des hommes tondeurs, nous sommes arrivées à garder un équilibre.

Odette Laplaze s'est montrée parfaite dans le rôle d'intervenante : très informée sur le sujet, donnant ses sources, ayant discuté avec des acteurs du documentaire, le réalisateur...(chose impossible pour nous).

Beaucoup d'émotions durant le film et pendant le "débat".